9 décembre 2009
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10:21
via appia rome
C’était la guerre qui commençait, mais pour moi alors ce fut surtout la disparition de Lucie ma grand mère ! Un premier coup du destin.
Et puis la pauvreté insidieuse et cruelle… qui allait entrer dans la maison et d’autres évènements encore !
Maman adorait sa mère, pasqu’elle l’avait élevée dignement en dépit de l’immense misère de la grand guerre, son père au front gravement blessé, revenu inexistant !
Lucie a tenu la main de ses quatre enfants, les a aimé violemment, sauvés avec passion, maman donc pleurait !
Moi, Lucie m’avait tellement parlé du ciel, que je n’en avais pas peur : elle devait y être heureuse. Nous allions plusieurs fois la semaine prier sur sa tombe de pierre polie, maman pleurait en lui parlant… doucement. Insouciant, après avoir dépoussiéré la stèle, je jouais avec ma sœur Michèle à découvrir les papillons, capturer les lézards verts qu’on rendait vite à la liberté, qui perdaient quelquefois leur queue, mais ma grand-mère m’avait dit hier qu’elle repoussait, alors…
A faire des boutures de géranium et de lierre comme me l’avait appris mon père, et à jouer à cache cache avec Michèle !
C’est drôle une «esplanade» ensoleillée, parsemée de quelques buissons fleuris, avec de rares cyprès maigres, un arbousier vernissé, des oliviers noueux… Lors, ce n’était que rire, cris d’enfant, bonheur de vivre, ailes d’oiseaux, sauterelle jolie, rayon chaud de lumière !
Il faut dire que la ville d’Oran, très peu arborée, sauf rares coins charmants, avait donc ainsi un grand jardin ! Enfin ! On y était seuls, donc tout appartenait à l’enfant !
Une première expérience de liberté. Et quand nous rentrions à la maison, sur le chemin de terre, une toute petite ferme avec des poules et un fermier gentil, réfugié de la guerre d’Espagne, lequel nous donnait chaque fois sans tickets aucun, ni raison véritable, deux litres de bon lait, avec de la crème, oui, merveille, et un sourire timide !
Un petit bonhomme, avec un béret.
Ce bol de lait crémeux, je m’en souviens encore... avec le sourire du fermier, à peine moins pauvre que nous, si plein sans doute de blessures de vie, débordant cependant de timide tendresse ! J’aimais aller sur la tombe de Lucie.
C’était des vacances, un mot de la langue française encore ignoré, une belle promenade, une recherche insouciante d’infini dans le dédale des tombes claires, sous le soleil brûlant entre les buissons verts, un havre de beauté dans une ville de pierre grise, de vent et de poussière, sans la moindre verdure, et puis… ce bon lait !
Le temps a passé, je sais que le cimetière a été détruit depuis… mais de mon Oran natal, c’est encore le lieu qui me tient le plus au cœur ! Avant de partir pour ce que je croyais un simple exil, j’ai voulu y faire un tour du souvenir, offrir la prière d’un adulte. Quelques fleurs. Les portes étaient gardées, bien fermées, la guerre vous savez !
Le romantisme d’un lieu de silence et d’oiseaux, en Méditerranée, aura toujours pour moi un charme de lait de miel et d’amour fou.
Et puis la pauvreté insidieuse et cruelle… qui allait entrer dans la maison et d’autres évènements encore !
Maman adorait sa mère, pasqu’elle l’avait élevée dignement en dépit de l’immense misère de la grand guerre, son père au front gravement blessé, revenu inexistant !
Lucie a tenu la main de ses quatre enfants, les a aimé violemment, sauvés avec passion, maman donc pleurait !
Moi, Lucie m’avait tellement parlé du ciel, que je n’en avais pas peur : elle devait y être heureuse. Nous allions plusieurs fois la semaine prier sur sa tombe de pierre polie, maman pleurait en lui parlant… doucement. Insouciant, après avoir dépoussiéré la stèle, je jouais avec ma sœur Michèle à découvrir les papillons, capturer les lézards verts qu’on rendait vite à la liberté, qui perdaient quelquefois leur queue, mais ma grand-mère m’avait dit hier qu’elle repoussait, alors…
A faire des boutures de géranium et de lierre comme me l’avait appris mon père, et à jouer à cache cache avec Michèle !
C’est drôle une «esplanade» ensoleillée, parsemée de quelques buissons fleuris, avec de rares cyprès maigres, un arbousier vernissé, des oliviers noueux… Lors, ce n’était que rire, cris d’enfant, bonheur de vivre, ailes d’oiseaux, sauterelle jolie, rayon chaud de lumière !
Il faut dire que la ville d’Oran, très peu arborée, sauf rares coins charmants, avait donc ainsi un grand jardin ! Enfin ! On y était seuls, donc tout appartenait à l’enfant !
Une première expérience de liberté. Et quand nous rentrions à la maison, sur le chemin de terre, une toute petite ferme avec des poules et un fermier gentil, réfugié de la guerre d’Espagne, lequel nous donnait chaque fois sans tickets aucun, ni raison véritable, deux litres de bon lait, avec de la crème, oui, merveille, et un sourire timide !
Un petit bonhomme, avec un béret.
Ce bol de lait crémeux, je m’en souviens encore... avec le sourire du fermier, à peine moins pauvre que nous, si plein sans doute de blessures de vie, débordant cependant de timide tendresse ! J’aimais aller sur la tombe de Lucie.
C’était des vacances, un mot de la langue française encore ignoré, une belle promenade, une recherche insouciante d’infini dans le dédale des tombes claires, sous le soleil brûlant entre les buissons verts, un havre de beauté dans une ville de pierre grise, de vent et de poussière, sans la moindre verdure, et puis… ce bon lait !
Le temps a passé, je sais que le cimetière a été détruit depuis… mais de mon Oran natal, c’est encore le lieu qui me tient le plus au cœur ! Avant de partir pour ce que je croyais un simple exil, j’ai voulu y faire un tour du souvenir, offrir la prière d’un adulte. Quelques fleurs. Les portes étaient gardées, bien fermées, la guerre vous savez !
Le romantisme d’un lieu de silence et d’oiseaux, en Méditerranée, aura toujours pour moi un charme de lait de miel et d’amour fou.