En ces jours de canicule, devinez : «je dors», oui je somnole devant l’écran. De temps en temps des cris sauvages m’interpellent : «Pappé é é h ! Bis...» Alors je ferme les yeux pour ne pas écouter. Les oreilles ? Mais c’est impossible. La dernière interpellation était terrible : «c’est quoi la fleur jaune à coeur bleu ?» Et la voilà qu’elle me l’apporte sur le nez. Je fronce le sourcil droit, me gratte le menton et me replonge dans mon faux sommeil. Prenant le risque de passer pour un ignare. Tant pis !
Puis encore «pappéguy !», raconte une histoire…
Donc, je m’exécute : «il était une fois un hippopotame qui dansait dans le marigot au son du tamtam et des youyoux.» Non, c’est moi qui raconte… Vas-y-la-donc ! «Il était une fois une tite fille qui avait un pansement au genou et sa maman lui mettait de la crème.» J’enchaîne, «de la crème à la vanille ou au chocolat ?» Alors elle me dit «t’es trop bête et puis tu as un gros ventre,» et elle fait boum boum dessus.
Puis elle reprend, «conte-moi encore une histoire ?»
Je croyais être tranquille, mais non, il me faut trouver quelque chose. «L’hippopotame…» non celle-là je la connais déjà, dit-elle, une autre. «Regarde sur la boule le drôle d’oiseau», murmurè-je l’air le plus éminemment étonné possible.» Elle me répond «je l’ai vu dans mon livre,» elle va le chercher (juste à côté) l’ouvre et trouve l’oiseau, et lis. «Tu sais déjà lire,» « oui les histoires que je connais par cœur.»
Chante alors une chanson à ton pappé qui t’aime. Elle en fredonne une bonne douzaine, mais celle que nous préférons, c’est une poule sur un mur qui faisait des œufs durs, ça la faisait rire. Et à moi aussi par connivence. Expliquez-moi quand même, vous qui me lisez, car toutefois je n’ai bien pas compris.
Le grand frère, devenu savant, construit lui des trucs en lego, lors elle passe dessus et miracle de l’amour n’en renverse aucun. Puis elle s’en va dehors revoir les fleurs, je crois enfin atteindre le nirvana de la paix, mais tous deux reviennent, un mouchoir empli de pétales de pâquerettes, les comptent les recomptent et me les jettent sur le chapeau. Pasque j’avais gardé - mon chapeau de ma promenade du matin en vieille toile usée trouée crasseuse décolorée de bon jardinier respectueux des traditions que je suis devenu - juré craché.
Heureusement, sinon j’aurais été assommé.
Je vais me reposer de cette agitation, dans mon relax rafistolé de sparadrap multicolore ayant hier collé.
Je ferme les yeux et je médite, quant deux korrigans me frôlent de leurs bâtons. En effet j’ai enterré à moitié près de la haie un coffre à linge en plastique bleu tout neuf, pour y fourrer des bambous et des branches, ayant pour vocation de servir de tuteurs… Je grogne dans les plis du visage, et leur demande de ne pas oublier de les remettre en place.
Et c’est ce qui ne sera jamais fait.
C’était une demi-journée de pappé à la campagne par canicule !!!
Guy