Quand tu étais petit. Papi popo ferma les yeux.
Puis se versa une cruche d’eau sur son épaisse chevelure 'bouclée, afin de refroidir le bouillonnement fusionnel des parfums des rayons... Calmons-nous, se dit-il, il ne faut pas décevoir l’enfant, ni trop mentir ni trop broder, rester toujours vraisemblable et charmeur, bien coquinement raconter. Il nous faut ne rien cacher même les moindres méchancetés faites aux souris de derrière la-commode-coiffeuse-à-la'Sœur’Michèle!
Donc, il était une fois, un petit grand garçon, taquin et tendre à la fois... Quoi de plus normal, dit l’écho des lutins. Un grand bébé plutôt, imaginatif et farceur, qui se cachait dans l’armoire à glace avec le renard bleu de sa maman, pour chanter depuis sa cachette «c’est la mère muchèle» en langue sauvage afin de charmer les souris et d’effrayer les filles.
Il faut dire que derrière l’armoire coiffeuse il y avait le faux grenier, plein de poussière et de mystère à portée de marmot, le plumeau n’y passant jamais je crois ! On ne touche pas aux affaires de Michèle, lançait ma maman toujours en adoration devant sa fille...
Chut, taisons-nous ! Donc, ma cadette michouchou, était tout le contraire de moi. Un bobo elle sanglotait, ma maman lui disait c’est encore guy qui t’a fait des misères, elle répondait : je ne suis pas une rapporteuse, mais...
J’ai donc grandi, entre... des coups, des cris, de rares baisers, des chansons d’avant guerre de Tino Rossi, un placard à balais avec une planche pour mes ti’soldats sans tête, et le Grenier en question plein de Maries-claires abandonnées.
Raconte encore, s’il te plaît... Les robes de ma sœur étaient rose paille en'rubannée ou rose bonbon acidulé, moi je disais par derrière vengeur : Rose punaise écrasée.
La situation empira, on m’attribuait toutes les bêtises, les âneries, même les plus anodines, par exemple donner aux fourmis *montées de en bas par l’ascenseur jusque en haut* moult mies de pain, pour les étudier. Car je voulais absolument devenir savant. Tu attrapes une mouche, alors... Un silence dense et palpitant s’établit : mon auditoire frémissait, popo allait enfin tout dévoiler. Tu prends la mouche, délicatement. Tu la places, doucement. Sur une colonne de fourmis. Dans la cuisine. Quelques unes l’attrapent par la patte. La mouche s’envole avec un lot de fourmis accrochées... C’est rigolo, puis retombe, puis repart, atterrit enfin, mais pour combien de temps ? Je mesurais, je prenais fiévreusement des notes, des fois il me fallait remettre la mouche avec les fourmis... L’auditoire enfantin haletait. Les cœurs battaient.
A quoi tu joues, demandait parfois mon voisin ‘Claudi’, un peu jaloux ? Chut, c’est mon secret. Surtout pas un mot à la chipie rosacée. Un jour mon papa boucha le trou avec du ciment blanc ! Bien fait, dit ma shœur, tu étais trop méshant.
Popo’guy