5 novembre 2013
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En ce moment, quand j’ouvre la boîte aux lettres, je trouve des réclames de voyance et maraboutage. Des fois ça l’air tout à fait sérieux, une société qui aurait même pignon sur rue. La dernière était étrange et bien appétissante à la fois, atchoum, à vos souhaits ! «Grand devin du Mali, diplômé, par téléphone … vous dirait comment se faire aimer ou et à défaut gagner au loto».
Un touareg sans doute expatrié pour cause politique et financière.
J’aime l’aventure, je plains les exilés, j’affectionne les entreprenants. Ayant un faible pour le Sahara vu l’hiver qui s’annonce, je m’apprêtais à tenter l’expérience… Et puis à Oran pullulaient cartomanciennes et magiciens. Les jeunes filles en mal de mari, fréquentaient activement leurs officines.
Il faut dire que à l’époque, une femme sans prétendant ni amoureux, se sentait frustrée et rejetée. Le comble était d’en avoir plusieurs à ses pieds. Tous avec une bague proposée. «Manman, il veut m’épouser». «Ne lâche pas l’hameçon, il est beau au moins, et intéressant»?
Moi je n’ai jamais consulté de sorcières en mon Oran, je vous le jure, mais j’en connais plusieurs dans mes relations, poussés par leur mère. A quoi reconnaître l’ensorcelé, à plusieurs signes : il divague dans ses paroles, et dans ses pas. Mais il porte la tête haute et fière, avec cependant quelque chose de hagard. Il a l’œil du destin : le bon ou le mauvais oeil, là est le problème.
J’ai failli téléphoner, mais ne l’ai point fait ! La frousse des sorciers ! Pasque ça existe, nous le savons, pauvres de nous. La sagesse m’aurait-elle enfin gagné ? Pourtant j’en ai gardé l’eau à la bouche, en ai rêvé toute la nuit : l’amour l’argent et le vin fin !
Et aussi de ma folle jeunesse au soleil sachez-le.
Je vais vous faire une confidence, je manipulais les tarots pour impressionner les filles, lesquelles faisaient semblant de marcher sans doute.
Guy