Il m’est arrivé hier parfois, à la vitre d’un train, devant un paysage nouveau de penser l’avoir déjà connu. Sans en être plus que cela étonné. Plusieurs fois mon cœur s’est serré, non ce n’est pas le mot, ma conscience s’est doucement pressée : Un sentiment bizarre d’un hier qui fut le mien… Qui l’est sans doute à jamais.
Et quand je descends dans mon en de-ça, en une plongée de psychanalyse ou d’auto hypnose je ne sais, je tente encore de retrouver ce Souvenir…
Mais il y a plusieurs étapes dans la démarche. La première qui s’éclaire devant moi semble un doux paysage de foin coupé et de blé blond, une campagne calme, parfumée de moisson, en colline légère, sur un fond de musique indéfinissable. Plusieurs fois tu sais, j’ai revu cette campagne, proche et lointaine à la fois, comme dans certain tableau de Monet où la lumière embrume de rayons flous la terre paysanne. Illusion me disè-je, auto persuasion, hypnose ou tranche réelle du vivant ?
Mais l’image persiste et me revient parfois, toujours aussi tactile. L’odeur est là, prenante. Oui, j’ai déjà vécu un moment dans cette paix sans relief. Heureux.
Puis j’ai reçu en flash, dans mes voyages, une impression similaire de plénitude proche, dans une maison de bois, sur une pente forestière, qui était mienne, je le savais.
Je n’ai jamais dépassé cet étape de l’exploration de mon âme, mais je devais être comme tous les gens de la terre et des bois, de marche lente, chapeau de toile, un peu mage sinon devin. J’ai joué d’ailleurs quelque fois à transmettre dans le silence ma pensée… La personne, d’en face, médium sans trop le savoir, me souriait alors après un moment, immobile, en réponse ou connivence instinctive… Et je crois même que les plantes me reçoivent. Chut !
Et dans mon monde de lumière et d’ombre, où je survis, je cherche encore -du Souvenir- la porte rouillée.
Guy