Un petit somme, bercé par Monsieur Le Temps qui passe. Toujours ça de pris sur les prussiens, disait-on dans l’armée.
Un souvenir d’hier, me revint alors en mémoire…
Jeune garçon, lecteur boulimique d’anticipation et d’aventures extraordinaires, je me revois plongé dans un bouquin captivant : « La guerre des mondes » de H.G Wells. Je m’étais endormi, et la fumée des coups de feu, des gaz de combat, l’odeur prenante de sueur et de sang mêlée de larme, m’envahissait. J’y étais, lilliputien devant les énormes engins martiens, les hurlements des sirènes, je faisais la guerre.
Il fallait bien sauver le monde ?
Je humais l’odeur des dangers, je me voyais à un moment entré par une lucarne dans une maison, pour me protéger ou résister peut-être, vous savez je n’ai jamais été un héro quoique, puis allongé tranquille… Dans ma somnolence, j’entends tinter la sonnette mécanique de la porte d’entrée. Je me souviens de mon hésitation à me lever. Les martiens sans doute m’attendaient…
Péniblement je fis un pas chancelant jusqu’à la porte. C’était Simone la gentille voisine.
L’air lourd épais me rebuta et je me dépêchais de me remettre au lit. Elle me secoua, me disant qu’il n’y avait pas la guerre, qu’il fallait absolument ouvrir les fenêtres… Je refusais, elle le fit pour moi, je réalisais alors que l’odeur remontait par la salle d’eau, oh une odeur douce un peu fade, mais combien agréable.
Et je glissais au sol… J’étais si bien. Je voulais absolument dormir, dehors il y avait la guerre, vous savez ! Puis je finis par ressentir l’air frais, et, comme un lion ou presque, je bondis vers l’appartement du dessous, l’Odeur … Je tapais au portail, personne ! Alors je mis un papier pour les avertir d’une fuite de gaz.
De retour du travail le voisin prit ses précautions, éteignit la cuisinière et monta me remercier.
Une odeur de guerre des mondes, ça ne peut s’oublier !
GUY